OrNorme : la conserverie antigaspi d’insertion

Actualité - 22/08/2022

OrNorme : la conserverie antigaspi d’insertion

OrNorme a vu le jour en janvier 2020 grâce à 7 associés du secteur public, privé et associatif, pour répondre à 2 enjeux : le gaspillage des fruits et légumes au stade de la production et l’accompagnement des entrepreneurs culinaires qui souhaitaient lancer une gamme de produits végétaux. La conserverie est basée à Brain sur Allonnes (49).

Le projet a réellement démarré en 2017, lorsque Peggy Jousse Peralta a créé l’association ValOrise.

 

Tout d’abord, l’association a réalisé un diagnostic sur la perte des fruits et légumes au stade de la production et du calibrage, les résultats sont impressionnants : 40 % de produits ne sont pas du tout valorisés avant la commercialisation. Pour cause, les normes de calibrages, les surplus, les aléas climatiques et les aléas de consommation. Suite à ce constat, Peggy souhaite mettre en place des actions de prévention pour limiter ce gâchis et proposer des solutions notamment en rachetant ces produits pour les transformer, estimant qu’ils avaient les mêmes qualités que les autres, pour à la fois lutter contre le gaspillage et valoriser le travail des producteurs.

En 2020 ils ont donc scindé la structure en 2 : l’association ValOrise qui porte la sensibilisation avec une trentaine de bénévoles actifs et OrNorme qui s’occupe de la production.

 

L’engagement écologique, éthique et sociétal de cette conserverie ne s’arrête pas là car c’est aussi une entreprise d’insertion qui a pour vocation l’insertion professionnelle et sociale. La conserverie dispose d’un agrément de l'État et ils sont aujourd’hui 6 salariés dont 4 en parcours inclusif. Pour les travailleurs en insertion, ce sont des contrats de 24 mois maximum, et la conserverie propose principalement des contrats à temps complet. Les objectifs sont, tout d’abord, que les travailleurs se sentent bien au sein de l’entreprise, ensuite, qu’ils développent de la polyvalence, et enfin de préparer leur sortie avec des formations en lien avec des futurs projets professionnels ou adaptés au besoin spécifique du salarié.

 

« L’idée c’est de pouvoir leur proposer un temps complet pour que financièrement ils puissent s’y retrouver. » indique Peggy

 

La conserverie est installée sur une ancienne friche industrielle, les travaux ont commencé en janvier 2020 mais se sont vite arrêtés avec le 1er confinement. Malgré tout, l’année 2020 a permis de monter la structure, de réaliser les travaux, de recruter ce qui a permis de lancer la production en janvier 2021.

 

Aujourd’hui la capacité de production d’OrNorme est d’environ 100 000 bocaux par an, ce qui représente 100 à 150 tonnes de produits bruts utilisés annuellement.

 

« Quand je parle de 150 tonnes de produits bruts utilisés par an c’est malheureusement “ une goutte d’eau dans l’océan“.» , nous précise Peggy

 

L’approvisionnement de ces produits bruts se fait soit auprès de coopératives agricoles locales, soit en direct auprès d’une vingtaine de maraîchers locaux partenaires.

Un changement a été amorcé grâce à la démarche de la conserverie, auparavant les producteurs parlaient de déchets, désormais ils appellent cela des produits hors calibres, car ils ont conscience que ce sont des produits qu’ils peuvent valoriser.

 

L’équipe d’OrNorme s’occupe de collecter les fruits et légumes chez les producteurs puis réalise toute la transformation eux même. Pour le conditionnement, ils disposent de tout le matériel nécessaire et effectuent également les tests bactériologiques permettant la commercialisation de leurs bocaux. Ensuite ils étiquettent, font le tamponnage, préparent les commandes et expédient.

 

« On maîtrise toute la chaîne de A à Z. »

 

Concernant la commercialisation, lancée en mai 2021, OrNorme distribue principalement à des professionnels, une centaine de revendeurs, essentiellement sur le département 49, qui sont des boutiques indépendantes (épicerie de proximité, épicerie vrac, etc).

A terme, ils ont pour objectif de vendre 75 000 bocaux par an sur les 100 000 produits, et stocker le reste des bocaux pour faire face au décalage de saisonnalité et donc au décalage commercial, afin d’être toujours en capacité de répondre aux demandes des clients.

 

Après avoir utilisé des tableaux Excel durant leur phase de test, Peggy a souhaité s'équiper d’un logiciel dès le lancement du projet afin d'avoir un outil adapté à leur activité et qui permette de ne pas multiplier le nombre de logiciels. Ils se sont alors équipés de Socleo.

 

« J’ai tout de suite vu le potentiel du logiciel et que c’était adapté à nos besoins. »
 

En effet, ils utilisent beaucoup de fonctionnalités du logiciel (commandes, facturation, stock par lot, fabrication…). Cela demande un peu de temps à la prise en main mais leur permet de centraliser un maximum leur données et de n’avoir qu’un seul logiciel de la production à la livraison.

 

« Ce qui m’a beaucoup plus dans la démarche, c’était l’adaptabilité, on est un peu dans une démarche de co-construction, donc c’est hyper intéressant. »

 

Concernant l’avenir d’OrNorme, l’entreprise n’a pas vocation à se développer ou à se déployer ailleurs, mais plutôt d’avoir un modèle qui fonctionne, qui soit à l’équilibre et de conserver une structure à taille humaine pour garder la proximité avec les équipes.

Leur objectif est d'atteindre leur capacité maximale de production et de commercialisation, notamment avec le déploiement commercial sur les autres départements alentours. Après une phase de test en 2021, l’année 2022 est une année cruciale pour eux, elle va leur permettre de voir le potentiel de la structure malgré un contexte hyper difficile avec les hausses de matières premières notamment.

 

L’entreprise travaille également avec la fondation AG2R sur le montage d’un réseau national des acteurs antigaspi car il y a 2 enjeux : protéger leur savoir faire et leurs valeurs, éviter le greenwashing et défendre les intérêts des petites structures au niveau national.

 

Socialement très engagée, la conserverie OrNorme fait partie d’un projet plus global qui a pour but de développer un éco tiers lieu, porté par l’association ValOrise. L'idée est de pouvoir accueillir d’autres porteurs de projets, d’autres structures, en lien avec l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) pour pouvoir être une pépinière de développement de projets un peu alternatifs en milieu rural.

 

Un projet qui mérite d’être mis en lumière et auquel on souhaite beaucoup de réussite pour les années à venir !